Dans l’art, le bleu et le vert forment un bien étrange couple, parfois ils se détestent. Ils sont à l’image d’Éros et de Thanatos, les dieux grecs des deux grands tabous de l’humanité, l’amour et la mort. Au Moyen Âge, le bleu semble vertueux, le vert est le diable. Puis les peintres se font l’écho de leurs rivalités. Van Gogh trouve le bleu divin ; Picasso, cruel. En contemplant le bleu de Giotto à Padoue, Yves Klein hurle de joie. Cézanne veut s’énucléer pour atteindre l’immensité du bleu. Matisse, lui, déclare : quand je mets du vert, cela ne veut pas dire de l’herbe. Kandinsky déteste le vert et Mondrian le juge inutile. Chez Egon Schiele, les bas verts des corps impudiques n’ont rien de dansant comme chez Toulouse-Lautrec. Avec Egon Schiele, le vert devient érotique et sulfureux. On est loin des nus élégants de Ingres.